Thanks to Thierry Martin...I love This 

Restoring of a Sansui 310

Renaissance

 

1 - la découverte - Nostalgie, nostalgie...

Quand je l'ai vu je suis immédiatement tombé amoureux. Sa bouille de simili McIntosh me faisait des sourires. Ch'uis comme ça, je ne résiste pas à ce genre d'appel.

En ce temps, le Japon singeait l'Amérique, c'était le temps où tout ce qui était Made in the US of A. était auréolé de prestige et synonyme de qualité insurpassable, ou presque. Maintenant que les ouvriers américains sont morts et que l'industrie de leur pays a migré aux confins de la Chine on ne rêve plus, oh non... D'après le numéro de série il est né au Japon en juillet 1972, sans doute sorti de l'usine fondée en 1947 dans une rue de Tokyo. D'ailleurs la plaque signalétique à l'arrière mentionne cette adresse.

Il a connu Hirohito. La poussière qui s'est déposée dedans a fait éternuer les contemporains de quelques présidents de la République. Il a du jouer Let it be en boucle, peut-être L.A. Woman aussi. Et être témoin de naissances, de mariages, de communions, de deuils. Objets inanimés, avez vous donc une âme... Une vie en accéléré.

Je l'ai branché. Il a cligné de son oeil survivant et s'est réveillé comme après une sieste. Quelques notes de musique plus tard je l'ai laissé se rendormir, faut pas brusquer les seniors. Il est bien vivant, il dormait juste un peu, à cet âge c'est normal. J'ai déposé son capot en bois, en vrai bois d'arbre, pour voir de près ce qu'il avait dans le ventre. C'est si sale que c'en est poétique, une patine comme celle-là ne se trouve que sur une Bugatti oubliée dans une grange. J'ai pris ma décision : je vais lui rendre son éclat, il brillera comme une Honda 750 Four flambant neuve.

Je vous laisse apprécier l'oeuvre du temps en images. A cette époque, même pour un appareil d'entrée de gamme la qualité de fabrication était à son apogée. Métaux nobles, bois, verre. Bonne promenade...

Légende des photos (cliquables)

  1. Le commandes classiques d'un ampli-tuner de cette époque, du simple, du fonctionnel.
  2. L'oeuvre du temps sur l'alliage du volant d'inertie qui entraîne l'aiguille du cadran.
  3. La trace sur le capot du transfo à gauche est celle de mon index. Je voulais jauger l'épaisseur du dépôt. Y'en a c'est sûr...
  4. Vue générale depuis l'arrière. J'adore le fil d'Arianne entraînant l'aiguille du cadran
  5. Vue générale depuis l'avant. Décidément un look très américain des 60's
  6. Sans flash, tout cela prend une teinte du genre Bagdad Café non ?
  7. Du bois d'arbre. Une incongruité de nos jours ou tout est dérivé du pétrole...
  8. Bientôt cette vitrine brillera de tous ses feux. Pour le moment on y voit qu'un reflet glauque...
  9. Là c'est carrément une scène de Mission to Mars, on cherche instinctivement l'endroit où se trouve la base spatiale.
  10. Un rotacteur dans cet état est un appel au secours
  11. La cage du condensateur variable. C'est le coeur d'un tuner. Et là ce coeur ne bat plus beaucoup...
  12. Définitivement l'appareil d'un fumeur. Il n'y a que la nicotine (ou les grillades de merguez, mais dans un salon c'est rare) pour donner cette patine jaunâtre.
  13. Comme pour le capot en bois, ici on trouve du vrai verre, bien épais - 4mm - et finement sérigraphié. Encore une incongruité de nos jours, sauf chez McIntosh bien sûr.
  14. Cette image me fait penser à une usine de 19° siècle abandonnée, pas vous ?

 

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2 - le début des travaux - Nettoyage intérieur

 

Quelques heures plus tard, un démontage complet suivi d'un traitement aux ingrédients classiques et une méthode qui a fait ses preuves :

Résultat : le Sansui a retrouvé son aspect neuf. Qui pourrait dire que 34 ans de poussière s'étaient lentement accumulés ici ?

En attendant la séance de mise au point et de vérification des tensions et courants, j'ai commandé un jeu complet de lampes d'éclairage (format cartouche de fusible en verre) afin que le beau cadran retrouve sa superbe. La seule ampoule qui fonctionne encore est celle de l'index du cadran, normal : elle n'est éclairée que lorsque les fonctions FM ou l'AM sont séléctionnées. Pas bêtes ces gens de chez Sansui. Les boutons et les éléments de la façade sont nettoyés à l'amoniac, le meilleur produit que je connaisse pour décrasser un appareil qui a passé toute sa vie chez un fumeur. Comparez la photo n° 1 ci-dessous avec la n° 9 de la série précédente. Même appareil ? Oui !

 

 

  1. Ne dirait on pas qu'il vient d'être déballé de son carton ? Curieusement le parfum de la bakélite neuve est réapparu ! Les odeurs c'est la vie...
  2. Quelques boutons ont retrouvé leur emplacement pour manipuler les commandes pendant le séchage à l'air comprimé.
  3. Le même rotacteur que sur la photo n°10 de la série précédente. Etonnant non ?

 

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Petite frayeur à la remise sous tention : la section FM est aux abonnés absents ! Rien que du souffle sur toute la gamme de fréquences et impossible d'attraper une station. Il se fait tard, je décide de laisser tout en l'état. Demain je mettrai le 310 en chauffe. Une nuit passe. J+1 : mise sous tension, et machinalement je positionne le selecteur de fonctions sur FM Auto, miracle ! Un son clair jaillit des haut-arleurs servant aux essais. Je pense que malgré le séchage soigneux à l'air comprimé, certains composants sensibles tels que condensateur variable, selfs, filtres, devaient être encore imprégnés d'isopropanol, un produit inoffensif mais dont la présence peut changer des valeurs de diélectrique ou de résistance de ces pièces. L'isopropanol a la propriété de s'évaporer sans laisser de trace, c'est ce qui fait un de ses intérêts. Dans mon cas il a du s'évaporer durant la nuit et la section FM est revenue à son état normal. Il faudra tout de même que je prévoie un alignement mais je ne dispose pas encore de tout le matériel nécessaire.

 

 

3 - suite des travaux -  nettoyage extérieur : coffret et face avant

Nouvelle séance de nettoyage. Ici, une éponge imbibée d'eau savonneuse est venue à bout de la crasse accumulée sur le coffret en bois du Sansui 310. Après séchage, un chiffon imbibé de cire liquide lui a redonné son éclat. La face avant en aluminium brossé et l'écran de protection en plexiglass ont été nettoyé à l'amoniac pur puis lavés à l'eau chaude additionnée de liquide à vaisselle. Admirez le résultat.

Les trois ampoules brûlées dont j'ai passé commande sont au format "fusible", elles éclairent le beau cadran et l'indicateur de champ. Les étiquettes de Contrôle Qualité apposées à l'usine en 1972 ont été préservées. L'industrie électronique et automobile Japonnaise a impressionné le monde entier avec ces contrôles à l'époque.

 

             

 

 

4 - suite des travaux -  Contrôles, réglages

 

J'ai réussi à trouver la valeur du courant de repos (bias en anglais) des transistors de puissance après quelques recherches, c'est magique internet. Un forum de passionnés de la marque a été mis en place il y a cinq ans sur le site Audiokarma. Ce courant doit être de 15mA, amplificateur non chargé et après stabilisation de la température de l'appareil, du classique quoi. Le canal de gauche était presque normal avec une vingtaine de milliampères. Par contre à droite, 33mA c'était plus du double de la valeur prévue. Après réglage, les 15mA requis sont bien là. L'opération est très facile, on insère un milliampèremètre à la place du fusible de protection du canal concerné et on ajuste la valeur à l'aide du trimmer correspondant.

 

Canal droit : ooops ! 32mA, c'est beaucoup trop

 

 

 Voilà qui est mieux

  

 

Le canal gauche est réglé à son tour

  

 

J'ai également mesuré la tension des rails d'alimentation qui est normalement de 44 volts. Et là, j'avais un beau dépassement à presque 47 volts ! Je me suis souvenu en même temps que la tension d'alimentation des lampes du cadran était très elevée, beaucoup trop à mon goût : 6.75V pour des lampes de 6.3V, cela laissait augurer des remplacement fréquents. Mais commet cela est il possible ? Bingo ! L'appareil a été construit il y a 35 ans, et depuis cette époque ce qu'on appelait le 220 volts en France est progressivement devenu du 236 volts. Or le sélecteur de la face arrière était resté tel que l'empoyé de l'usine de Tokyo l'avait positionné pour l'exportation. Aussitot j'ai démonté le petit cache à l'arrière du chassis, positionné le sélecteur du 240 et tout est rentré dans l'ordre : 6.0V aux bornes des lampes d'éclairage et 44 volts sur les rails d'alimentation des amplificateurs gauche et droit.

 

4 - contrôle auditif -  35 ans et toutes ses dents

 

Le receiver une fois remonté est installé dans le système de test : enceintes IMF Super Compact et lecteur Philips CD723 CB V.16. Déposons très doucement notre revolver au sol, levons les bras et rendons nous à l'évidence : disque après disque ce petit Sansui fait des merveilles. Bien sûr ce n'est pas un monstre de puissance, bien sûr il n'est pas d'une rigueur absolue vis à vis du signal, mais il est toujours enjoué, restitue les ambiances avec un naturel étonnant et lorsqu'il le faut il fait preuve d'une vigueur vraiment surprenante. le son est rond, chaleureux, on sent bien que l'époque des tubes était encore à son zénith en 1972 et que les concepteurs d'appareils à transistors avaient encore largement cette référence dans les oreilles. Sur la modulation de fréquence (France Musique) l'écoute des voix est un régal, et les instruments à cordes ont un soyeux qui pousse à laisser couler la musique sans se poser de questions. Il va rester quelques temps dans le bureau ce 310.

 

   

Original link sent to us 19.06.2007 http://www.dcx2496.fr/sansui310.php

thanks again Thierry